L'alliance des contraires Msa Sakina, Créatrice de Mode
Qualifiée de magicienne du textile, la créatrice Sakina M’Sa s’est fait une place aux côté des grands, à Paris.
Bourrée de talent, ultraféminine et attachée à une part d’humanité qu’elle exprime à travers chacune de ses réalisations, elle aime la terre, dans laquelle il lui arrive d’enfouir ses tissus pour les en extraire ensuite imprégnés des odeurs de racines. Elle aime aussi réutiliser des matériaux relégués, redonner vie aux chiffons. Et puis elle aime les couleurs.
Ses créations évoquent tout cela à la fois. Cet amour du beau et du durable, du retour aux sources, de l’harmonie et de la vie, qu’elle cultive depuis son adolescence marseillaise, entre l’école, la passion du vêtement et la création.
« Au collège déjà, les vêtements me fascinaient. Un jour, en fin d’année j’ai organisé un défilé de mode avec mes camarades comme mannequins et des modèles taillés dans des toiles cirées, torchons, boîtes de conserves et carton. Ce défilé fut un succès. Il marqua le début de ma carrière. »
Remarquée par Maryline Bellieud-Vigouroux, Sakina se voit alors attribuer une bourse d’études par l’Institut Mode Méditerranée, qui lui permet d’intégrer l’Institut International de Création et Couture de Marseille. Son talent et sa volonté sont tels qu’elle obtient ensuite la bourse Défi Jeune du ministère de la Jeunesse, devient lauréate du prix Salavin Fournier (Fondation de France) et décroche le grand prix de la Biennale Internationale du Design de Saint-Etienne.
Sakina puisse son inspiration dans ses racines comoriennes. Sa mode plaît et s’exporte plutôt bien, principalement en Russie, au Moyen-Orient et au Japon, où l’on apprécie ses tissus chatoyants, ses textures et le rythme de son style.
Installée dans le 18e arrondissement de Paris, au coeur du quartier cosmopolite de la Goutte d’Or, Sakina M’Sa est en quête permanente d’authenticité. Et bien que gravitant dans l’univers de la Haute Couture, elle se réjouit du retour au naturel qui se trame dans la mode aujourd’hui.
« On revient aux sources du vêtement, laissant de côté une certaine “mode/concept”. Le regard des façonniers sur les créateurs a évolué. Ils sont davantage à notre écoute. Cela nous permet d’être plus libres dans notre création. »
Le statut du créateur-chef d’entreprise évolue lui aussi, dit-elle. « Il faut savoir anticiper, devancer les tendances, être toujours plus réactif pour ne pas laisser les “poids lourds“ du prêt-à-porter avoir raison du vivier créatif qui demeure en France ». Ses projets ? Ils sont nombreux, mais deux lui tiennent particulièrement à coeur : le lancement, avec les jeunes de la Goutte d’Or, du programme “Décollons l’étiquette“ qui consistera, à partir de chutes de tissus et de matériaux de récupération, de concevoir des vêtements plus en phase avec leur génération, et la création, avec les femmes, d’une ligne baptisée Daïka, dont les prix seront accessibles.